Dans les années à venir, la croissance démographique à Bruxelles sera conséquente : d’ici 2020, entre 140.000 et 240.000 personnes supplémentaires peupleront la ville. Cela pose d’importants défis, principalement au niveau de la mobilité et de l’aménagement du territoire.
En termes de mobilité, il est urgent de développer la coopération interrégionale ainsi qu’une vision globale, intégrant mais dépassant le cadre des 19 communes de la ville de Bruxelles afin de relever les nombreux défis : problèmes de parking, développement du métro ou encore, introduction potentielle d’un péage urbain. Il s’agit aussi de développer de manière importante le covoiturage, les third-places ou le homeworking, qui rencontrent encore fort peu de succès aujourd’hui.
En ce qui concerne l’aménagement du territoire, la fragmentation des compétences entre de nombreux acteurs institutionnels complique la prise de décision. Il reste que des choix de développement urbain doivent être faits, et ce, relativement rapidement. Bruxelles et son hinterland doivent réinventer une politique spatiale, une politique économique et une politique sociale. Le professeur Eric Corijn, professeur en géographie sociale et culturelle à la VUB et directeur du groupe de recherches urbaines « COSMOPOLIS, City, Culture & Society », a établi les principes d’une telle politique novatrice, qu’il est venu présenter lors d’un déjeuner débat organisé par le cabinet CMS DeBacker. Nous le remercions de nous autoriser à reproduire ici ces principes, qu'il présente en détails dans un "cahier urbain" co-écrit avec Eefje Vloeberghs.
Les constats :
Au Nord de la ville existe une zone industrielle dont le développement potentiel est important.
- Vers le nord-ouest, il n’existe pas de vrais centres urbains (il faut monter jusque Gand). Pourtant, de nombreux travailleurs et consommateurs potentiels, majoritairement flamands, habitent cette région et pourraient contribuer davantage au développement de Bruxelles, à condition que celle-ci devienne réellement bilingue. Un centre reste à développer autour de la gare de l’ouest.
- Vers le sud-est, existe une silicon valley potentielle : la région entre Leuven et Louvain-la-Neuve. Les deux universités attirent pas mal de monde. Il faudrait développer une telle zone d’émulation intellectuelle à Bruxelles : faire un vrai quartier universitaire et transformer la zone occupée par l’ULB et la VUB en nid à spin-offs. Un projet pour Delta ?
- Le Quartier Européen s’étend et pourrait charactériser aussi les développements autour de Josaphat.
Il y a trois axes importants dans la planification du développement urbain de la ville de Bruxelles :
- Que va devenir la zone du canal ? Les pouvoirs publics promeuvent son redéveloppement mixte mais les industriels semblent réticents.
- Le quartier européen doit devenir un véritable centre européen et non simplement une zone de bureaux.
- Reconnaître l’importance des quatre gares et du circuit du métro, qui délimitent le nouveau centre élargi de Bruxelles.
- Il est également nécessaire d’avoir une densification polycentrique qui ne peut que se faire au niveau communal et nécessite des choix sur quatre ou cinq zones stratégiques.
Les principes
Structurer le redéploiement urbain selon lune thématique pour les différentes parties du tissu urbain actuel. Quatre nouveaux (poly)centres pourraient ainsi former la base de cette nouvelle structure urbaine:
1. La ville d’arrivage qui correspond au Cureghem étendu. La population va continuer à augmenter et un défi majeur se pose en matière d’acculturation et d’apprentissage des langues.
2. Triangle Bruxelles-Leuven-LLN : cette zone R&D élargie nécessite un pôle Bruxellois et un vrai quartier universitaire
3. Josaphat, comme centre international.
4. Le Nord, comme zone logistique.
Ensuite, il faudra des plans de développement par quartiers (Bruxelles en comprend 118) autour de ces centralités et penser à leur thématisation propre.
Les obstacles
L’entrave majeure à ce redéploiement réside dans la fragmentation des compétences entre de nombreux acteurs institutionnels. La matière de l’aide aux personnes à Bruxelles en est un bel exemple : elle est de la compétence de 7 instances différentes.